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Thomas Bangalter, moitié des ex-Daft Punk, sortira ce vendredi 7 avril son premier album solo “Mythologies”. Cet album symphonique a été composé pour un ballet. A cette occasion, il revient au micro de France Inter et dans une longue interview pour la BBC sur la fin de Daft Punk et son rapport prudent à la technologie : “La dernière chose que je voudrais être, dans le monde dans lequel nous vivons, en 2023, c’est un robot.“
Comment l’artiste venant de ce duo tant associé musicalement et esthétiquement aux machines envisage-t-il aujourd’hui la technologie ? Sa réponse mêle fascination et réserve : “J’ai toujours été fasciné par les machines et la technologie en général, ce que je questionne et qui me fait peur, c’est le rapport qu’on entretient avec elle.“
Son album “Mythologies” s’inspire des mythes antiques et contemporains. Il cite le mythe d’Icare (qui se brûle les ailes à vouloir trop s’approcher du soleil) comme mise en garde concernant la place octroyée à la technologie : “avec toutes les technologies, il y a vraiment la manière dont on peut y réfléchir, se réguler, intégrer le maximum d’éthique et de philosophie.”
J’avais la volonté de mettre les machines un peu de côté
Un questionnement qui touche également la manière de créer de l’artiste français : “J’ai l’impression depuis longtemps de questionner mon rapport à la technologie, la place de la technologie dans ma vie et dans mon processus créatif. J’avais à la fois la volonté de mettre les machines un peu de côté, pour vraiment expérimenter avec l’orchestre, et en même temps un orchestre, ça a un équilibre qui fonctionne en lui-même. Je n’avais pas envie de rajouter un paramètre supplémentaire.” Thomas Bangalter, rappelle qu’il avait déjà eu quelques expériences de ce type mais qu’elles avaient été limitées : “J’avais eu avec Daft Punk l’occasion de travailler avec des orchestres, notamment pour la musique du film “Tron L’Héritage“, et dans notre dernier album. Mais on travaillait avec des arrangeurs. Et depuis longtemps, j’avais envie de me frotter à cet exercice de l’orchestration.”
Une envie qui s’est concrétisée lorsque le chorégraphe Angelin Preljocaj lui a proposé il y a quelques années de composer la musique de son prochain ballet, à l’Opéra National de Bordeaux. Avec une mère, une tante et un oncle venant du milieu de la danse, Thomas Bangalter a tout de suite été séduit par l’idée.
“Quand on a joué à Bercy, j’ai rien vu, en fait !”
Daft Punk c’est quatre albums en 28 ans. Près de trois décennies de succès planétaire colossal. Une aventure qui a pris fin en février 2021. Cette gloire, Thomas Bangalter l’a vécue “avec distance, avec beaucoup de détachement”. Au-delà d’un uniforme de scène devenu culte, les casques ont permis au duo de se protéger des excès de la célébrité et de l’exposition et leur ont offert une bulle les empêchant de voir la foule en délire : “Avec ces personnages de robots, on a navigué entre la fiction et la réalité. Mais j’ai un peu l’impression que c’était comme un illusionniste ou un marionnettiste. On était très concentrés sur le dispositif, sur le spectacle, et finalement on ne regarde pas vraiment le public, comme au théâtre. La visibilité était extrêmement réduite dans les casques, il faisait très chaud et on ne voit rien… Finalement, j’ai l’impression que ça m’a aussi protégé. Quand on a joué à Bercy, j’ai rien vu, en fait !“
A la question que tout le monde se pose : “Daft Punk c’est bel et bien fini ?” La réponse de Thomas Bangalter est sans appel : “C’est une histoire où il y a eu un début, un milieu et une fin et je suis très content d’avoir refermé cette aventure.” Le musicien ajoute : “C’est avec un grand plaisir que je me retourne et que je regarde ce qu’on a pu faire ensemble.”
“Random Access Memories“, le dernier album de Daft Punk, fêtera ses 10 ans en mai. Une édition anniversaire avec des inédits sortira à cette occasion.